(co)locataires XI
Pour vivre heureux, vivons cachés?
Je n'ai pas crié mon bonheur à la face du monde.
Je ne l'ai même pas soufflé, même pas murmuré.
Je ne savais pas comment nous allions nous comporter l'un vis-à-vis de l'autre dans cet "après".
Quand il est arrivé, il est venu vers moi et m'a serré la main, comme tous les jours. Ni plus froidement ni plus chaleureusement que les autres jours. Sa poignée de main n'était ni plus serrée ni plus lâche. Pas un sourire particulier, pas un clin d'oeil... Aucun signe de reconnaissance. Rien.
Cela a suffit à me faire passer d'un état d'euphorie intense à l'abattement le plus extrême. Incompréhension...
Quel est le sens pour lui des moments que nous avons passé ensemble? Quelle sera la suite si suite il y a?
Est-ce qu'il renie, est-ce qu'il regrette?
J'en passerai des moments, par la suite, à me tourmenter de questions, d'angoisses.
Nous continuerons à nous voir, et suite il y aura. Mais nous ne laisserons rien paraître. Je trouve cetta attitude puérile, de vouloir se cacher aux yeux des collègues de travail. Il y en a, des couples, dans notre environnement de travail, tout le monde le sait et ça ne dérange personne. Lui ne veut pas que cela se sache. Disons que je peux le concevoir en me faisant violence. Bien sûr qu'il faut être discrets mais dissimuler?
Ce qui me rend encore plus perplexe est que je me rends compte très vite qu'il ne souhaite pas non plus que nos amis communs le sachent. Pourquoi?
Cela me met mal à l'aise vis-à-vis d'eux. D'autant plus que je ne comprends pas la raison. La seule explication que je vois est qu'il n'assume pas notre relation, qu'il ne me trouve pas "assez bien" pour se montrer avec moi. Mon amour propre en prend un coup et j'en souffre.