Combien de mois, d'années, que je n'écris plus
Combien de mois, d'années, que je n'écris plus ici, à part des salades de quelques mots, quelques lignes ?
Je n'ai jamais eu la paresse d'écrire, mais je n'ai plus rien à dire. Ce qui m'alimentait était les relations naissantes, mourantes, la recherche du pourquoi, du comment, les retours sur moi-même.
Les relations, il n'y en a plus vraiment. Je fréquente des gens, des nouvelles personnes même. Beaucoup sont intelligentes, nous partageons des idées, des buts communs. Rien de fort ne se crée cependant, malgré notre désir de changer ce monde. Il n'y a pas de sentiments entre nous, aucun lien ne se tisse, au sens où je l'entends. Les sentiments nous les portons à la Terre, aux arbres, aux animaux. Il y a parfois des béguins de passage, rien de plus fort qu'une petite étincelle, que je n'alimente même pas car je n'y vois aucun intérêt.
Je ne voyage plus (trop) dans mon passé. Qu'il s'éteigne, lui aussi, les amours qui faisaient mal, la violence de l'enfance. Que tout meure, ça m'est égal.
Il ne restera rien de moi de toutes manières, aucune descendance puisque c'est mon choix, quelques souvenirs peut-être chez ceux qui me survivront un peu, quelques mots sur des bouts de papiers, encre s'évanouissant avec le temps.
Tout m'indiffère en ce moment, et dans le fond, même les causes que je défends. Je ne sais pas pourquoi je suis devenue comme ça. Je passe le temps. Je me laisse capturer par des lectures un peu, beaucoup. Je finirai pas les oublier aussi.
Tout m'indiffère, tous m'indiffèrent. Tout le monde m'oublie et c'est tant mieux.
(Je fixe les arbres du jardin)