Je n'ai aucune patience avec moi même. Alors que
Je n'ai aucune patience avec moi même. Alors que j'en ai une infinie avec mes élèves.
Je ne supporte pas de ne pas réussir quelque chose tout de suite. Impatience à la mesure de celle qu'on a eue envers moi. Traces indélébiles d'une scène de mon enfance. Elle ne m'a pas appris la persévérance. Mais qu'il fallait y arriver, maintenant, coûte que coûte.
Sinon tu n'es bonne à rien. Tu es stupide, inutile.
Le résultat, c'est que j'abandonne souvent, par crainte de me révéler imbécile, tâtonnante... Minable. Ne rien faire, c'est mieux qu'échouer. Même si plus personne de qui s'attirer les foudres pour cause de non-réussite. Ah, mais si ! Moi.
Stupide héritage.
Je ne suis pas paresseuse, mais la reine de l'évitement. J'évite de bosser ce rythme que j'arrive pas à faire à la guitare et je viens écrire à la place.
J'évite de vivre aussi, parce, si t'es pas brillante, ça sert à rien. Je dis que je savoure le temps et l'espace. C'est sans doute vrai. Au final, la beauté c'est ça pour moi. Être un rien perdu dans un espace et un temps infini. Mais la beauté de ça, ce n'est pas moi, mais bien tout le reste. Donc ne rien faire qui puisse le perturber... Mais tout faire pour essayer de le préserver. Je reste un rien parce que je ne sais pas être quelque chose. Pas instantanément. Je n'ai aucune ambition, je ne veux pas être dans ces histoires de pouvoir, de paraître et posséder... Réussir. Je veux ressentir. Ne rien faire que sentir le soleil sur moi quand il y en a. Écouter la pluie tomber quand elle tombe. Me blottir dans ses bras s'il me le permet. Attendre... Que cette vie passe. Je sais, je ne suis rien.