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Dreaming my life

7 avril 2010

Silence programmé

     Je peux être parfois assez silencieuse. Dans les soirées, quand on se divise en petits groupes, je suis souvent celle qui écoute beaucoup. Il faut dire que ça donne un certain équilibre car il y a énormément de gens qui aiment beaucoup parler et parler beaucoup et qui, quand je tente une réaction à l'un de leurs propos me coupent la parole pour rebondir eux-mêmes sur ce qu'ils disent. Ça ne me dérange pas, ou plutôt ça ne me dérange plus puisque j'arrive toujours à me faire entendre quand je le veux vraiment, et puis ça satisfait ma curiosité sans bornes en ce qui concerne "autrui". (L'autre moi mais qui n'est pas moi)

     Ce qui est surprenant, c'est que je peux aussi être assez silencieuse dans des conversations à deux. Ce qui ne signifie pas forcément que je n'ai rien à répondre à la personne en face de moi, ou que je n'ai pas d'intérêt pour ce qu'elle me dit. Mais j'ai souvent besoin de peser mes mots. J'ai toujours envie de dire la phrase juste, ou à défaut, la phrase la plus juste possible. Ce n'est pas évident quand on regarde toute la subtilité, toutes les nuances qu'il peut exister dans un seul mot. Ce n'est pas évident quand on regarde toute la subtilité, toutes les nuances qu'il peut exister dans un sentiment humain. L'un dans l'autre, j'ai l'impression quelquefois que rien de ce qui peut être dit ne sera approprié. Dans ces cas là, je préfère ne rien dire, quitte à revenir sur le sujet plus tard.

     La parole est précieuse, car elle est ce qui va transmettre mon émotion du moment, mes sentiments. Elle est précieuse pour tout ce qu'elle dit mais aussi pour ce qu'elle ne dit pas. J'aime le langage silencieux, le non verbal, l'implicite. J'aime dire quelques mots et les enrober d'un voile de silence.

     Petite, je vivais au cinquième étage d'un immeuble glauque. Enfin, personnellement, je ne le trouvais pas si glauque, je n'en avais jamais connu d'autre. Je l'aimais bien même. Il faisait partie d'un grand bloc d'immeubles formant un long L. Proche de l'angle, je pouvais voir mes petits camarades en diagonale, par la fenêtre.

     Mon père avait un travail de nuit. Alors il était très décalé par rapport à moi et à ma mère. Il rentrait le matin, mangeait un peu puis se couchait, dormait toute la journée, se levait pour se préparer, manger et repartir travailler.

     A la maison, il ne fallait pas faire de bruit, pour ne pas le réveiller. Nous parlions doucement. Je n'ai pas eu les joies d'être une enfant bruyante. Déja que ça ne devait pas être dans ma nature... Pas de jouets ou de jeux bruyants, pas de courses dans l'appartement, pas de crises de larmes ou de cris... Et pas de petits copains et copines à la maison (pour cette raison mais pas seulement).

     Les jours sans classe, je pouvais voir les autres enfants jouer sur la place: des fillettes de mon école sautant à corde ou jouant avec leurs dînettes, puis, plus tard, avec les garçons à des jeux tels que "action ou vérité". Je n'étais jamais parmi eux. Ma mère, venant d'un autre continent, et n'ayant pas choisi d'être là me protégeait affreusement du reste du monde. Elle avait laissé sa famille loin, se sentait sans doute très seule, ne parlait pas français. Elle n'avait à proximité que mon père et moi. Et de vraiment important elle n'avait que moi (au moins avant la naissance de mes frères).

     Je ne saurais dire ce qu'il se passait dans sa tête. Peur qu'on me fasse du mal, qu'on me blesse? Peut-être. Peur que je me mélange à des personnes qui n'étaient pas "à ma hauteur"? Sans doute. Nous vivions dans un quartier peu reluisant et ma mère a toujours été quelqu'un de très fier. "Ne pas fréquenter n'importe qui", "bien choisir ses amis"... des mots entendus mille fois dans mon enfance. C'est insensé.

     Mes amies étaient toutes d'origine étrangère. Asiatique, pour la plupart. C'est fou ce qu'il y a comme points communs entre l'Asie et l'Amérique du Sud quand on y pense. Beaucoup plus que ce qu'on peut croire dans une première approche. Elles étaient vives et intelligentes, ayant évolués elles aussi dans ce mélange culturel (Ça passe ou ça casse, non?). Elles étaient aussi beaucoup plus libres et faisaient tellement plus de choses que moi.

     Je lisais énormément.  Je n'en avais jamais assez. Des mots à m'en faire tourner la tête.

(...)

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6 avril 2010

Sublime in all






Myosotis

(bleu)







6 avril 2010

Sublime in all

myoso

3 avril 2010

Yann Le Breton VI

Un soir, peu de temps après l'épisode du dîner avec mes collègues, Yann m'a appelée. J'étais contente qu'il m'appelle. Seulement, voilà: il commence à parler de lui. N'allez surtout pas croire que je suis égocentrique et que je ne supporte pas que les autres parlent d'eux. Bien au contraire... Mais.... Yann me parle de ses difficultés à trouver du travail, de ses difficultés relationnelles avec untel, et de tas d'autres choses. Je l'écoute attentivement, lui donne mon point de vue, essaye de lui donner des conseils. Je me souviens que c'était un appel très long. Puis tout d'un coup il se ressaisit et me dit:
" J'ai beaucoup parlé de moi."
Il marque un silence, puis poursuit:
"C'est pas grave, tu me parleras de toi la prochaine fois."
Je suis perplexe et je ne sais pas quoi dire. Il me semble que parler de moi ne me manquait pas particulièrement, je ne sais même plus si j'aurais eu des choses à dire. Mais cette manière qu'a Yann de considérer notre relation me laisse sans voix.
On se dit au revoir et on raccroche.
C'était la dernière fois qu'on se parlait et on ne s'est jamais revus.

Cette histoire avec Yann doit être la moins belle que j'ai vécue. C'était bizarre aussi ce décalage entre un début presque féérique et puis une suite vraiment vaseuse. Comme quoi, la première impression qu'on a d'une personne n'est pas forcément la bonne.
Quand je repense à lui, il y a un qualificatif qui ressort parmi tous les autres: égoïste.
Yann est issu d'une "bonne famille" et il a tendance à penser que tout lui est dû. Malgré le fait que nous passons du temps ensemble, partageons des choses et couchons ensemble, j'ai l'impression qu'il me regarde de haut. Et pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression de ne pas être "assez blanche" aux yeux de quelqu'un. A plusieurs reprises je constate qu'il a du mal à assumer mon "exotisme". C'est assez désagréable.

Au final, il ne me reste pas de bons souvenirs avec lui, et même les moments qui étaient agréables se sont vus ternis par la suite. La "rupture" n'a pas du tout été douloureuse.

3 avril 2010

Il y a un peu plus d'un an, j'ai fait

Il y a un peu plus d'un an, j'ai fait connaissance avec une femme. Instinctivement, dans un groupe d'une vingtaine de personnes, nous sommes allées l'une vers l'autre. J'ai envie de dire qu'il n'y avait pas hasard. Nous nous sommes reconnues à ce moment là. Et nous sommes devenues amies.

Elle pense la même chose de notre rencontre.

C'est une personne d'une grande sensibilité. Parfois quand elle parle de certains sujets qui la touchent, son coeur s'enflamme, elle parle avec vivacité et il arrive que des larmes apparaissent. Dans ces moments là, je la trouve très belle. Le reste du temps elle dégage une douceur et un calme apaisants. Elle m'a fait ouvrir les yeux d'une façon différente sur beaucoup de choses, m'a transmis un peu de sa manière de voir la vie. Je l'admire surtout pour son rapport aux autres. Plein de bienveillance et avec une incroyable ouverture d'esprit. Elle n'est pas parfaite, simplement très humaine.

Hier nous discutions, partagions nos expériences, autour de choses vécues dans l'enfance. Et elle a mis des mots sur des choses que j'avais moi aussi vécues mais jamais exprimées, des souffrances restées sans voix. J'avais en face de moi quelqu'un qui comprennait cette partie de moi. J'étais bouleversée.

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2 avril 2010

Je t'avais prêté Jude l'Obscur de Thomas

Je t'avais prêté Jude l'Obscur de Thomas Hardy.

Quand tu me l'as rendu, je t'ai demandé si tu avais aimé. Non? En répondant, tu as manifesté une colère qui m'a surprise:

"Ce type est un crétin! Il est incapable de dire à sa femme qu'il l'aime. Ça me tape sur les nerfs. Ce bouquin m'énerve."

Cette réponse, c'était tellement toi.

2 avril 2010

J'ai écrit un mot avec un noeud dans l'eau.

J'ai écrit un mot avec un noeud dans l'eau.

 

 

 

2 avril 2010

Vague à l'âme.

Je ne me sens pas à la hauteur.

J'ai peur de te perdre alors que je ne t'ai jamais eu. J'aimerais que tu m'aimes mais tu ne m'aimeras pas.

Je ne peux pas être plus explicite qu'explicite. Je ne peux pas être plus vraie que vraie. Je ne peux pas être plus sincère que sincère.

Je ne comprends vraiment pas pourquoi je me mets dans tous ces états. Il n'y a pas de quoi vraiment.

1 avril 2010

Un crime vraiment parfait

J'éprouve un amour réel pour les oeuvres de Ray Bradbury. Quand j'en relis quelques lignes, elles font vibrer une corde sensible. De la légèreté, de la poésie, de la douceur et de la violence. Il a une manière d'écrire très simple quand on regarde bien, mais ses phrases disent tellement de choses, elles ont une part énorme d'implicite. C'est sans doute pour cette raison en particulier que je l'aime. Bradbury ne nous ouvre pas les yeux sur des rêves, mais il nous permet de rêver tout seuls.


J'ai appuyé sur la sonnette.
Me reconnaîtra-t-il, me suis je demandé, après tout ce temps? A l'instant précédant la première balle, dis-lui ton nom. Il faut qu'il sache qui tu es.
Silence.
J'ai sonné une nouvelle fois.
Le loquet a cliqueté.
J'ai tâté le revolver dans ma poche, le coeur battant, mais je ne l'ai pas sorti.
La porte s'est ouverte.
Ralph Underhill se tenait devant moi.
Il a cligné des yeux en me regardant.
" Ralph? ai-je dit.
- Oui?... " a-t-il dit.
Nous nous tenions l'un en face de l'autre, séparés, pendant pas plus de cinq secondes. Mais, Seigneur, plusieurs choses sont arrivées pendant ces cinq secondes.
J'ai vu Ralph Underhill.
Je l'ai vu clairement.
Et je ne l'avais pas vu depuis l'âge de douze ans.
Il me dominait alors de toute sa taille pour me bourrer de coups, me battre en hurlant.
Maintenant, c'était un petit vieux.
Je mesure un mètre quatre-ving-sept.
Mais Ralph n'avait guère grandi depuis sa douzième année.
L'homme qui se tenait devant moi ne mesurait pas plus d'un mètre soixante.
Je le dominais.

 

Ray Bradbury - Un crime vraiment parfait

1 avril 2010

Une odeur et une musique.

Une odeur et une musique.

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