Le passé me dévore I
J'avais 17 ans.
Cette année là au lycée j'ai fait connaissance avec un garçon qui est devenu un ami. Pierre.
Pierre était sociable, plein de vie, bavard, drôle. Il habitait la ville voisine de la mienne donc on prenait la même ligne de bus scolaire.
Le matin le bus était déja bien plein quand je montais à bord. Pierre y était. Parfois à côté d'un mec qui s'appelle Fabien. Parfois à côté de quelqu'un qui ne s'appelle pas. Parfois aussi à côté d'autres, qu'il avait connu dans son collège.
Qu'est ce qui fait qu'une personne nous accroche ?
Quand j'ai cette image en tête, le seul mot qui me vient à l'esprit est "associal".
L'image la plus ancienne de lui: lui dans ce bus accordéon montant au lycée, assis à côté de Pierre, le dos droit et fixant devant lui. Rêvant peut-être déja à autre chose ?
Associal. Comme le jugement de ma première impression avec des années de retard.
Il portait cette veste vert-beige-kaki-je ne sais quelle couleur au juste mais on s'en fiche.
Quand je me tenais à côté de Pierre pour discuter, lui ne me regardait pas.
Qu'est ce qui fait qu'une personne nous accroche ?
Le fait de le deviner d'un autre monde. Not of this earth
Magnétisme aussi.
Physiquement il me plaisait. Sur le trajet du lycée j'aimais me rendre compte qu'il était là. Parfois présent et parfois pas. Parfois avec Pierre et parfois pas. J'étais proche de lui quelquefois dans ce bus où tant d'élèves s'entassaient. Et je lui soufflais mentalement "regarde moi, regarde moi, s'il te plait regarde moi". Mais la télépathie ça ne fonctionne pas très bien.