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Dreaming my life
14 avril 2010

Silence programmé III

     Exprimer ses sentiments c'était mal.

     Enfin pas exactement mais presque. Je viens d'une culture où l'enfant est "seulement" un enfant. Il n'est pas considéré de la même manière qu'un adulte et on se demande même s'il est considéré comme une personne. Les choses évoluent, comme partout dans le monde mais ni à la même vitesse, ni au même moment. Etant enfant, je ne pouvais pas affirmer ce que j'étais, ce que je ressentais.

     Quand je vois les relations parents-enfant aujourd'hui et en France, j'ai l'impression que cette tendance est inversée, aboutissant même sur des comportements absurdes (je me souviens en particulier d'un Christine show,  émission diffusée il y a quelques années aux Etats-Unis). Mais dans l'ensemble je dois dire que je trouve ce changement positif. Il renvoie en même temps à la vision que chacun de ces adultes a eu sur sa propre enfance.

     Alors voilà, je pouvais rire, sourire, être enjouée. C'est l'attitude normale pour un enfant à qui il ne manque rien (vision de l'adulte en face de moi ndlr). Je ne pouvais pas ne pas être d'accord avec les comportements qu'on m'imposait, pas vraiment de marge de manoeuvre (impression d'être un pantin dans les cas extrêmes). Mais le pire était de ne pas pouvoir ressentir ce que je voulais, enfin, ça on ne pouvait pas me l'interdire, mais je ne pouvais pas l'extérioriser.

     Adultes, ils nous arrive d'avoir le vague à l'âme, d'être déprimés ou juste un peu tristes sans raison apparente. Alors pourquoi ce ne serait pas pareil pour les enfants? Et quand l'expression dans ces sentiments provoque un réaction de "rejet" et bien, c'est terrible, car en dehors de se sentir mal, on se sent mauvais... culpabilisés.

     Dans un autre registre, toute forme d'expression relative à un éveil sentimental était recadrée. Je me souviens en particulier d'une phrase tellement absurde: "D'abord il faut étudier, tu t'occuperas des garçons après". Comme si on vivait sa vie par séquences programmées!

     J'ai vécu une grande partie de ma vie avec tellement de choses intériorisées, comprimées à l'intérieur de moi. On pourrait croire que sous la pression elles vont finir par exploser ... un jour. Mais pour le moment pas de Big Bang en vue. Ce sera peut-être simplement le relâchement progressif d'un piston.

     Il en résulte un fort besoin de toujours mesurer mes paroles avant de les laisser s'échapper.

     Il en résulte une certaine forme dans mon expression, liée à mon univers de sens... Pratique de figures de style dans tous les sens afin d'atténuer mes propos. Il ne faudrait surtout pas que ce que je dis soit trop violent!

     Il en résulte un fort besoin de bien connaître la personne en face de moi avant de lui dire qui je suis (en opposition avec un fort tempérament sud-américain... donc, à nuancer)

     Il en résulte une peur (?) de ne pas être aimée pour ce que je dis... pour ce que je ressens... pour ce que je suis?



PS: cette note ne me plaît pas. Elle n'arrive pas à exprimer un millième de ce que j'ai envie de dire.

 

 

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Commentaires
J
Louisianne : T'en fais pas t'en feras plein d'autres haha ! (je parle par expérience)
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L
Comme je te comprends ! Venant d'une famille nombreuse, j'avais l'impression que "les enfants" c'était un bloc compact, homogène. Solitaire et parfois triste, plusieurs fois des instits ou profs ont proposé à mes parents de m'emmener voir un psy. Mais ça ne se faisait pas, c'était inutile, je ne manquais de rien ! <br /> Les choses ont évolué heureusement, peut être trop, peut être. En tout cas j'ai tout mis en oeuvre pour ne pas faire les mêmes erreurs avec mes filles !
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A
Oui. Mais elle apportent aussi de la subtilité dans les propos quand c'est nécessaire. Je n'aime pas non plus la parole trop "brute".<br /> <br /> Auto-destruction, oui, sans doute. Dans le passé je n'ai pas donné assez de chances à certaines personnes de me comprendre.<br /> <br /> Je sais que tu n'as pas le défaut de ne pas être directe et entière.
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J
A mon avis les "figures de style" sont le pire, parce qu'elles laissent trop d'opportunités aux fausses interprétations, qui sont par nature infiniment nombreuses, alors que la réalité, elle, est infime... Ce qui est utilisé comme une protection devient la pire des armes d'auto destruction, parce que c'est le meilleur moyen de NE PAS être compris. Dans le meilleur des cas, une réponse dans le même style peut donner l'illusion de l'avoir été, mais la probabilité pour que ce soit le cas est tellement minime, y croire est se mentir à soi-même. Et je ne crois pas que personne soit dupe, de toute façon. Pas très longtemps en tout cas. Pour moi c'est la pire forme d'expression qui soit, parce que ce n'en est pas une. Juste un masque, et un manque de courage. Mais on a tous nos peurs qu'on met longtemps à vaincre, si tant est qu'on y arrive. Celle là je ne l'ai pas. Je préfère que l'on ne m'aime pas, plutôt que de m'aimer pour ce que je ne suis pas...
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A
philachev: <br /> <br /> Je ne souhaite pas analyser davantage ici.<br /> <br /> Et oui, je suis sûre que je ne revois pas mon enfance avec des yeux d'adulte. Il y a des choses dont je me souviens très vivement.<br /> <br /> Ma dernière question n'est pas une vraie question, malgré le point d'interrogation.
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