J'ai tellement peu aimé être enfant que je
J'ai tellement peu aimé être enfant que je n'infligerai jamais ça à personne.
J'ai tellement peu aimé être enfant que je n'infligerai jamais ça à personne.
Les gens me demandent, horrifiés : "Mais, tu ne t'ennuies pas ?".
Je respire. Je regarde les arbres. J'écoute la pluie tomber. Je rêve. J'écris. Je fais de la musique. Je peins. Je prends le temps de faire plus souvent des (petites) courses puis de cuisiner, d'expérimenter de plats que je n'aurais pas fait en dix minutes top chrono parce qu'il faut bien s'alimenter. Je m'occupe mieux de mon petit chez moi aussi.
Non, je ne m'ennuie pas. Mais je me souviens de longues périodes d'ennui, enfermée dans un bureau, pendant ces intervalles de huit heures interminables, sans la possibilité de s'enfuir, à faire des fichiers sans intérêt, de la correspondance soporifique avec des collègues. Oh non, je ne m'ennuie pas.
Le temps semble ne pas avancer ici. Il y a du soleil, il fait chaud. Un doux vent agite les feuilles des arbres. Je m'étonne de l'allure à laquelle ils grandissent. Les oiseaux chantent doucement, on dirait qu'ils se moquent. Ils sont petits et jolis.
La maison est grande et j'y suis seule.
Je ne pense pas. Je ne réfléchis pas. Je ne pleure pas. Je vis seulement. Parfois j'entends la cloche de l'église au loin. La nuit est encore plus calme, je fais des rêves qui ne me ressemblent pas.
Plus rien ne me fait du mal, plus rien ne me fait du bien.
Mon âme n'a plus de corps.