Janvier, c'est le mois de l'année où les humains s'encouragent mutuellement à tenir un an de vie supplémentaire.
Décembre, c'est celui où on doit supporter les autres qui ont un sang similaire au notre dans les veines. ADNement parlant. Bykhôze le sang, ça ressemble à du sang quoi.
Ah, les hommes.
Ah, les femmes.
Pourquoi on s'inflige ça, tous les ans ? J'en ai tellement marre. Je ne suis pas obligée. Personne n'est obligé en fait. Mais si t'y vas pas, c'est le prix de la culpabilité. Quoi ! Tu fêtes pas Noël en famille ? T'es pas une bonne fille, un bon fils, une bonne mère, un bon être humain...
Bon, nous, il y a pas trop d'orgie de bouffe, c'est un repas où on est tous ensemble, un truc que tout le monde aime et que la végétarienne que je suis peut accomoder. OK.
Y a un truc qui me gave de plus en plus. Ou une personne. Ou des personnes.
Y a ma mère qui est aux fourneaux. Tout le temps. Tout le monde commence à bouffer bien longtemps avant qu'elle s'asseye à table avec nous. Et puis elle se lève 50 fois parce qu'il manque un truc pour untel, unetelle.
J'en ai marre. J'en ai marre que ma mère fasse la bonniche pour tous. Moi je l'aide. Mais les mecs glissent tous les pieds sous la table et vissent leurs culs sur leurs chaises. Et j'en ai marre. Ma soeur fait pareil. Ma nouvelle belle soeur aussi, mais c'est normal, elle est toute nouvelle parmi nous, c'est l'invitée.
Donc pour les mecs, c'est cool. Je pousse mon frangin à faire des trucs mais bon, faut pas brusquer non plus parce que tu vois, c'est le fils. Le FILS.
Et quand il faut faire un truc, ma mère me demande à moi. Non mais je m'en fous d'aider. Au contraire. Ce qui me gave, c'est que ce soit le rôle naturel de la femme d'aider.
Un jour, j'ai proposé de cuisiner pour que ce soit plus cool pour elle. Elle m'a dit ok. Mais pendant que je préparais mon plat, elle s'est mis à préparer un AUTRE plat. Parce que son fils allait préférer ça. Non mais, j'étais gavée. Et idem, à chaque fois que je faisais un truc, elle repassait derrière pour SON FILS.
En préparant le déjeuner :
'Ton frère a pris quoi au petit déj ?
- J'en sais rien.
- Il a bu le jus d'orange que je lui ai pressé ?
- J'en sais rien.
- T'étais pas en bas ?
- Si, mais je surveille pas ce qu'il bouffe !"
NDLR : le fils a 45 balais.
Non mais la mère, le rôle de la mère. La mère doit souffrir, ce doit être écrit quelque part. Donc elle est bien avec mon frère et ma soeur.
Ma soeur passe son temps à l'appeler pour se plaindre de tout... Son travail, son mec, etc. Ma mère souffre de tout ce que lui raconte ma soeur, par procuration.
Ma mère a souffert que mon frère soit si longtemps sans se caser. Sans stabilité.
Donc quand je parle à ma mère, c'est "Ton frère, ton frère, ton frère... Ta soeur, ta soeur, ta soeur..."
Si vous pensez qu'elle parle de moi avec moults détails aux deux autres, la réponse est non. Je ne me plains jamais à elle, ni à ma soeur, ni à mon frère. Quand je vais mal, je préfère me rouler en boule et crever toute seule. Ou parler ici sur mon blog. Pour eux, je vais toujours bien.
Je ne suis pas jalouse des deux. C'est sans doute le contraire en fait. Ma soeur qui alimente ce lien, ce "cordon" de manière si fusionnelle. Mon frère qui porte le "poids" d'être le fils. Bon, cela le libère de beaucoup de choses, mais bon... Quand je vois le regard d'amour de ma mère sur lui, sans doute encore plus depuis qu'il est parti vivre en Angleterre, peut -être encore plus maintenant qu'il est avec sa copine.... Je ne peux pas m'empecher de me sentir mal. Mal à l'aise. Ce regard, elle ne l'a jamais pour ma soeur ou moi. Malaise.
Y a mon père aussi. Qui l'ouvre même pas pour dire "tu peux me passer le sel" ou le sucre, ou la théière... Parce que les autres devancent ses demandes. Moi, j'ai arrêté.
Non, tous les ans, pourquoi on s'inflige ça ? J'étais à deux doigts de dire, j'en ai marre, je me casse. Pourtant cette année, c'était plutôt pas pire que les autres fois.
La culpabilité, oui.
Faut se défaire de l'idée qu'on est une famille, dans sa tête. C'est pas facile à désancrer.
Bon, je sais, dehors, il y a la guerre, les gens qui n'ont pas de toit. Mes problèmes n'en sont pas. C'est des trucs d'ego.
Je me relis pas, je laisse des erreurs dans le texte. A+