Lettre à
Dans la dernière lettre que tu m'as écrite tu regrettais la distance que tu avais mise entre nous. Tu me demandais pardon. Pardon "d'avoir accepté ce piège familial confortable que tu n'avais pas le coeur de refuser". Piégé réellement, ou simplement envahi de regrets en pensant à notre histoire. Les choses ne sont jamais simples ni faciles. Probablement les deux. Tu acceptais cette porte qu'elle t'ouvrait soit disant pour être libre de créer, de composer. Je ne pouvais t'offrir ce toit et cette indépendance. Je finissais tout juste mes études et me lançais à la recherche de mon premier vrai boulot. Tu aurais pu te l'offrir toi même d'ailleurs vu que tu avais laissé tomber la fac en cours de route. Et pourtant comme je m'en suis voulu de ne pas pouvor te donner ce que tu voulais tant, une vie à part, sans contraintes sociales ou tu passerais ton temps à écrire des poêmes, des textes, des chansons et peindre des toiles. "Piège familial confortable" dis-tu. Tu t'imaginais partir en tournée et jouer avec ton groupe. Je ne sais comment, ton groupe est mort. "I can see no sign on your flesh". Je n'en ai jamais vu non plus. Rien sur ta peau, rien sur ton corps qui aurait pu me faire comprendre pourquoi à cause de toi, je souffrais autant. "Je sais que demander pardon ne changera rien mais je te demande pardon pour tout ce que je te fais subir". Dix années après cette lettre me bouleverse toujours autant. Est-ce que tu rêves toujours, dans ta famille avec trois enfants?
J'ai retrouvé cette lettre en rangeant mes papiers.