Ma vie tient parfois à un fil
Pendant les vacances, un matin (ou un soir ? Je ne sais plus trop) dans la chambre d'hôtel, Philippe m'a vu écrire dans mon petit carnet. Il m'a demandé si c'était un carnet de voyage. "En quelque sorte", ai-je répondu, pensant que cela s'arrêterait là.
"Peux-tu m'en lire un bout ?" a-t'il poursuivi.
Je l'ai regardé, surprise. Je ne m'attendais pas à cette requête, ne pensant pas que le contenu de ce carnet pouvait l'intéresser. Il n'y a pas encore grand chose dedans, il est relativement neuf. Heureusement, je n'y ai rien écrit sur lui. :)
Je sais ce que je peux lui lire, les premières pages qui contiennent ce texte : Look up here, I'm in heaven
"Oui", lui dis-je. Et je commence la lecture. Mais entendre ce texte, avec ma voix, sonne bizarre à mes oreilles. Dès la troisième ligne, je commence à trouver ce déballage profondémment impudique. J'ai beau vouloir être vraie, je ne veux pas lui dévoiler mes tripes de cette manière. "Tiens, lui dis-je en lui tendant le carnet, lis-le plutôt toi-même, c'est vraiment trop bizarre d'entendre ce texte avec ma voix. Tu peux le lire, mais seulement celui-là". Il a acquiescé.
Pendant qu'il lisait, j'ai pris mon tour dans la salle de bain, Copine étant remontée.
Lorsque je suis revenue à mon tour, il m'a rendu mon carnet. "Alors ?", ai-je été obligée de demander, ce qui, en soi, me semblait un mauvais signe.
"Et bien on voit que ce sont les écrits d'une femme, une vraie" a-t'il répondu. J'ai scruté son visage, perplexe... Cette réponse ne voulait rien dire... Je crois que ça m'a toujours agacée, cette formule "une femme, une vraie". Bref, j'ai fini par être complètement dépitée quand il a conclu par "Sinon, sur le contenu, je n'ai pas de commentaires à faire" . Voilà, je lui dévoile un truc super personnel et qui me coûte, car je ressens une forme d'amour pour lui, j'ai envie de mettre mon âme à ses pieds, mais il n'a pas de commentaires à faire... Je me suis sentie blessée et j'ai rangé mon carnet. La conversation s'est arrêtée là.
Vraiment, la perfection ne suffit pas.