Les soirs de grosse déprime, j'écoute de la
Les soirs de grosse déprime, j'écoute de la musique bien pourrie des années 80. Le pire, c'est que ça soulage.
Les soirs de grosse déprime, j'écoute de la musique bien pourrie des années 80. Le pire, c'est que ça soulage.
Je me noie je te tends la main
Tu me regardes et puis rien
Tu as sorti ton armure
J'ai sorti mon cyanure
Comme la vie est dure
Pas un amour ne dure
Quelle imposture
Nous vivions un beau songe
Qui a tourné en mensonge
Une relation qui nous ronge
Je ne regarde plus le passé
Lui aussi s'est effacé
J'en ai eu plus qu'assez
de ressasser
Il est des choses auxquelles il est difficile de renoncer.
On va dire que je cherche du travail. J'ai pas dû bosser dans une "vraie" entreprise depuis cinq ans. En ce moment, je donne des cours particuliers. Ouais, le truc qu'on faisait quand on était étudiants. Maintenant, il parait que plein de monde fait ça. Des enseignants à la retraite, des étudiants, des gens au chômage... Je dois faire une dizaine d'heures par semaine. Evidemment, je ne gagne pas des masses, surtout que je suis soumise à l'inconstance des parents, des cours qui sont annulés du jour au lendemain (non rémunérés, bien entendu). Je passe par des organismes qui se font payer deux fois ce qu'ils me reversent (presque trois, il me semble) ou je suis employée CESU. Bref, c'est pas la gloire. Encore que, avec mes monstres, j'ai parfois l'impression de servir à quelque chose, quand ils veulent bien décoller leurs yeux de leurs smartphones pour essayer d'entendre ce que je leur raconte.
Mais bon. Aujourd'hui ça va, mais je me dis que ce système n'est pas viable. Alors, je regarde les annonces, j'envoie mon CV. J'ai été contactée par une boîte aujourd'hui. La RH, douce et sympa, pas une hystérique shootée comme c'est souvent le cas. Le contact semble bon. Mais au moment où elle me donne le salaire. Ouille ça fait mal. Par rapport à la fourchette que j'ai indiquée déjà, bien revue à la baisse pourtant, par rapport au salaire que je touchais il y a cinq ans. En gros, elle propose la moité (enfin, la boîte quoi). Ouille. Il s'agit d'un poste à plein temps bien sûr. Quoi qu'il en soit, je lui dis que je suis quand même prête à réfléchir, parce que c'est malgré tout trois fois ce que je gagne aujourd'hui (enfin, ça je ne lui dis pas). Mais j'attire son attention sur la mention "travail temporaire". Elle me précise que c'est un CDD de six mois. Qui "peut" être reconduit puis "peut" aboutir à un CDI de chef de projet. Avec des "si"...
Ceci dit, en bossant six mois dans cette boîte, je gagnerais davantage qu'en un an de cours... Je retourne ma calculatrice un peu dans tous les sens. Je réalise que le poste paie à peine plus qu'un smic au final. Ah ah. C'est un boulot de chef de projet...Junior certes mais bon... L'ironie du truc, c'est qu'au final, avoir deux bac+5, parler 3 langues bien, manier du powerpoint au autre, ça ne fait plus trop de diférence en fait.
En fin de compte, ce qui fait définitivement penser (ah ah, le lapsus. Je voulais dire pencher) la balance c'est ça. Je regarde mon emploi du temps d'aujourd'hui, aéré, coloré. Personne ne me dit quoi faire (les parents peuvent être fatigants mais ça reste supportable). Personne ne me dit à quelle heure me lever, à quelle heure aller manger. Je ne dois pas rester coincée huit heures par jour dans un bureau. Je ne suis presque pas un robot. Ou alors autrement. Je suis assez libre. Libre. Il est des choses auxquelles il est vraiment difficile de renoncer. Je ne pourrai pas vivre comme ça toujours. Je sais. Mais aujourd'hui, je peux encore... un petit peu...
Il arrive un moment où il faut se demander aussi pourquoi on veut être guéri. Et pour qui.
Un café pour se retrouver
Une marche pour se rencontrer
Les quais pour se raconter
Des ponts... pour zigzaguer !
Des cadenas pour s'amuser
Un musée pour s'impressionner
(soi-même)
Dans le jardin des Tuileries
Tu as souri !
Ils servent à quoi, tous ces souvenirs numériques, à part à constater que rien ne change jamais ? La douleur est toujours présente au fil des années. Je n'ai jamais consulté. Peut-être devrais-je ?
Comment sont les autres, à l'intérieur ? Est-ce qu'ils se lèvent parfois avec cette envie de rester cloués au sol ?
Avec ces larmes si difficiles à refouler ? Est-ce qu'ils portent des maux qu'on ne peut que dissimuler, mais jamais effacer ?
Comment sont les autres derrière leurs jolis sourires ?
Franck, il m'attendait souvent à la sortie de mes cours à la fac. Avec une ponctualité à toute épreuve. Il attendait à côté de la porte de ma salle de cours, avec un livre à la main, sa veste violette et ses lunettes sur le nez. Cette fidélité faisait marrer mes camarades de classe. Il séchait ses cours pour assister à la fin des miens. Pour que nous passions du temps ensemble et rentrions ensemble vers nos maisons.
Au cours de ma dernière année d'université notre histoire s'est achevée. Il n'y a pas de permanence, d'amour éternel. Peu importe à quel point tu as envie et comment ça te retourne les entrailles. Peu importe la dépendance et les soirées à pleurer, espérer que l'autre pense à toi. Peu importe tout. La dégradation semble irréversible, en partant du point zéro.
La musique guérit de tout. C'est la ritournelle sempiternelle. Elle panse, elle pense à notre place, elle compense les manques de notre vie. Elle ressent, elle gémit. Elle jouit aussi dans notre for intérieur, dans notre fort intérieur qu'elle a réussi à pénétrer.
Elle nous ouvre, permet de fluidifier la peine, la fait circuler, la mêle à cette énergie vitale, à l'oxygène qu'on vient de respirer.
J'avais vu un documentaire il y a quelques années où il était expliqué, que s'il arrivait un évènement dans notre vie, qu'il soit très heureux ou très malheureux, il nous fallait trois mois, pour revenir à notre "état" de bonheur initial.
Un exemple pour illustrer pourrait être une relation amoureuse. Au début, c'est l'euphorie. Puis on commence à se poser des questions, à prendre de la distance, réfléchir beaucoup, se dire qu'on a existé avant, et qu'on pourrait exister après. L'euphorie ne dure pas, même si la relation est heureuse.