Sur la boîte aux lettres deux noms accolésMais
Sur la boîte aux lettres deux noms accolés
Mais les lettres s'envolent, se dégringolent
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Elle s'amalgament, elle s'anagramment
Et ce n'est plus lui
Sur la boîte aux lettres deux noms accolés
Mais les lettres s'envolent, se dégringolent
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Elle s'amalgament, elle s'anagramment
Et ce n'est plus lui
Brunette et Blondinette sont dans un bus.
Blondinette : Moi en ce moment je ne suis pas amoureuse.
Brunette : De personne ?
- Non.
- Moi j'aime quelqu'un mais je pense qu'il ne le sait pas. Et je crois qu'il m'aime aussi.
- C'est celui qui t'a écrit un message ?
Brunette rit. Elle a un joli rire enfantin et gracieux. Son rire me fait sourire.
- Oh, non. Lui c'est Untel (je n'ai pas saisi le prénom). Il m'a écrit "Tu es le soleil de ma life".
Elle rit de nouveau. Son rire a un goût sucré, comme les bonbons qu'elles se partagent. Elle reprend :
- Il m'a écrit, "Tu es le soleil de ma life, tu es toute ma life". Mais son écriture elle est trop moche.
Blondinette se confie aussi :"Avant j'aimais quelqu'un mais comme il m'aime pas, maintenant, je m'en fiche." Elle marque une pause avant d'annoncer gravement "Il s'appelle Quentin".
Elles s'échangent des regards complices en mangeant leurs bonbons. Brunette poursuit: "Le problème, c'est qu'il est en troisième".
Notre rupture n'en finissait pas de s'éterniser.
Je t'attendais ce matin là dans la froide et grise gare Saint-Lazare. Anxieuse de ton retard.
La veille tu m'avais assuré que tu allais lui parler, lui dire que tu voulais rester avec moi. Avant que je monte dans mon bus tu m'avais embrassée et tes derniers mots avaient été : "Je t'aime". Quelques minutes avant je t'avais donné une petite feuille où j'avais recopié à la main le poème de Guillaume Apollinaire, L'Adieu. Non pas que je voulais te dire adieu, mais peut-être simplement t'en faire sentir le goût et la tristesse. Ou alors parce que tous ses mots appuyaient si bien sa dernière phrase "Et souviens toi que je t'attends" ? Ou encore, était-ce un pressentiment, une intuition féminine ? Je ne sais pas. Tu m'avais dit "Je t'aime" et j'étais montée dans ce bus.
Je me suis toujours sentie mal à l'aise dans cette gare Saint-Lazare. Et toi tu n'arrivais pas. Chaque minute passée semblait ajouter un poids supplémentaire sur mes épaules. N'en pouvant plus d'attendre, je me suis dirigée vers une cabine téléphonique. Je n'ai pas appelé chez toi. J'ai composé son numéro à elle. Et elle a décroché. J'ai demandé à te parler. Tu étais effectivement chez elle et tu as pris le combiné. (Mon coeur s'est brisé encore une fois). Je ne t'ai rien dit d'autre qu'un silence, un silence long, pesant et aigu. Et j'ai raccroché.
Nos chemins se sont croisés quelques mois (semaines ? Je ne saurais dire tant ma notion du temps était bouleversée à cette époque) plus tard. Dans une gare de banlieue en correspondance, je descendais les marches pour changer de quai, et toi tu montais. Je t'ai reconnu au premier coup d'oeil, bien sûr. Ton physique, ton allure, je les connaissais par coeur. Il y avait beaucoup de monde, je pense que tu ne m'as pas vue. Durant quelques secondes, le temps s'est figé.
Pendant des années, je t'avais aimé, adulé, vénéré, admiré.
Je t'avais chéri, choyé, adoré.
Je t'avais désiré, recherché, convoité.
Je t'avais embrassé, caressé, serré... fort.
Combien de fois avais-je passé ma main dans tes cheveux ? Combien de fois mes doigts avaient-ils parcouru les lignes de ton visage, redessiné tes yeux, tes lèvres?
Je t'avais enveloppé, tout entier. Je t'avais absorbé, aspiré, assimilé, digéré. Je t'avais chevauché, griffé, léché, sucé. J'avais bu chaque parcelle de ton corps, comme chaque mot de ta bouche. J'avais bu chacun de tes regards, avec mes yeux, avec mon coeur, avec mon âme.
Nous en avions passé du temps ensemble, depuis même le lycée. Nous avions parcouru tous ses couloirs côte à côte. Nous avions discuté des heures et des heures assis en tailleur dans sa cour.
Nous avions échangé une quantité phénoménale de mots, nos yeux s'étaient croisés une quantité impensable de fois. Nous avions échangé une quantité infinie de tendresse.
Durant quelques secondes, le temps s'est figé. Je ne voyais que toi. Et j'ai descendu ces marches, à quelques pas de toi. J'ai poursuivi mon chemin, tout droit. Comme si tu n'existais pas.
You want to tear me apart.
Regarde, l'hiver s'installe, il va faire froid pendant un moment...
Que j'aime Hawksley, avec la sensualité torride qu'il dégage, quel que soit le sentiment qu'il exprime, dans le désir ou dans la souffrance, dans la douceur ou dans la violence. Cette voix, ces mots, ces notes... Je frissonne.
Qu'il est agréable d'entrer dans cette librairie, pas si petite en fin de compte, d'y trouver des personnes accueillantes. Comme il plaisant de discuter avec elles de tel ou tel roman.
Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien
Guillaume Apollinaire
Retrouvailles, retissage de liens sur la toile. Dix ans que nous n'avions pas entendu parler l'un de l'autre. Pourtant nous avons été assez proches à la fac. Puis il est parti poursuivre ses études à l'autre bout du monde. J'étais d'ailleurs allée le retrouver et nous avions passé de chouettes vacances ensemble. Et puis le temps et l'éloignement...
Aujourd'hui il est marié, il a une fille. Elle est grande. Sur les photos, j'ai l'impression qu'il n'a pas changé. Dans les messages qu'il m'envoie j'ai l'impression qu'il n'a pas changé non plus. Le temps qui passe me laisse songeuse. Il semble presque que ces dix ans n'ont été qu'une courte pause dans notre amitié.
Parce que même si je peux être attirée, je pense qu'aujourd'hui il n'existe aucun homme capable de me séduire.