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Dreaming my life

23 décembre 2018

Pas à pas

La fin de vie se mène en solitaire

Comme le début

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1 décembre 2018

The Dead Parrot

Je me souviens d'un prof d'anglais au collège, M. Legrand, nom assez commun pour que son anonymat soit respecté. Il n'était pas bien grand, et il était tout doux, tout gentil, ne parlait pas bien fort. Il était taxé de "mauvais prof". C'était souvent un peu le bazar de mémoire, pendant ses cours. Il me fait penser à moi en fait. Sauf que je ne suis ni douce, ni gentille. Ce type était tellement bienveillant. Les élèves ne le respectaient pas car il n'était pas autoritaire, je suppose. Abrutis de camarades de classe. M. Legrand essayait de nous intéresser à la langue, que personnellement, j'adorais déjà. Je l'écoutais religieusement, assise au premier rang.

Je me souviens de ce qui se disait sur lui : "Avec lui, pendant les contrôles, tu peux garder ton livre ouvert sur la table, il ne dit rien."

Un jour, il avait apporté le texte d'un sketch des Monty Python, The dead parrot. Il nous l'a lu avec emphase, soulignant tout le génie et l'humour de ce texte. Il voulait nous communiquer son amour de l'anglais et de l'humour britannique. Je restais souvent pour discuter un peu avec lui, en fin de cours. Les autres n'ont pas compris, n'ont pas voulu voir que cet enseignant était vraiment bien, car il ne haussait jamais la voix, ne punissait jamais. J'ai adoré ce texte, on s'est marrés ensemble, on était complices. Je me demande s'il était content, d'avoir touché une poignée d'élèves, ou s'il pensait avec dépit à ceux qu'il n'atteignait pas. En tout cas, j'ai gardé une place pour lui dans mon coeur et je lui dis merci.

 

27 novembre 2018

Être prof, c'est aussi si lever à 6h30 après

 

Être prof, c'est aussi si lever à 6h30 après s'être couché à 3h, pour préparer un cours que 80% des élèves n'écouteront pas, trop occupés à dormir ou à faire les andouilles et que 100% ne notera pas. Parce qu'aujourd'hui, les élèves ne prennent plus de notes, ils ne savent plus écrire. Il savent à peine écouter.

24 novembre 2018

J'aimais tellement écrire. J'aime toujours. Mais

J'aimais tellement écrire. J'aime toujours. Mais les mots n'ont plus aucun sens. Je n'ai plus rien à dire. Dépitée de tout, je regarde la vie autour de moi. Que tout s'en aille. Rien ne mérite de rester, couché sur le clavier.

Je suis allée à une sorte de discussion-conférence avec Riad Sattouf cette semaine. J'adore ce type. Je le connais depuis La pauvre vie de Jérémie, trouvée par hasard dans la médiathèque de ma ville. J'adore son trait brut, sa manière de raconter des histoires en se plaçant en observateur mais sans jamais émettre de jugement. Il laisse ce plaisir au lecteur. C'était bien avant le succès de l'Arabe du Futur, succès amplement mérité. Je me suis fait dédicacer le volume quatre à cette occasion. Les dédicaces, c'est bizarre. Tu fais la queue pendant une heure et puis, arrivée devant l'auteur que j'aime bien, j'ai rien trouvé d'autre à lui dire que "Merci d'être venu nous voir". De toutes manières c'était l'usine, beaucoup de personnes attendaient encore. J'ai eu un merci avec des petits coeurs et sa signature. Bref, pas de lien créé par cette rencontre. C'est un peu triste, quelque part.

Pendant son intervention, il racontait que le dessin avait toujours été présent dans sa vie, depuis ses quatre ans, et qu'il l'avait accompagné toujours, pour différentes raisons. Et que même quand il ne gagnait pas bien sa vie, il n'imaginait pas faire autre chose que dessiner, dessiner encore.

J'ai, je crois, toujours écrit aussi. Mais le reste a tué ça. Enfant, j'aimais écrire. Ado, j'avais toujours mon petit carnet avec moi, ou même les marges de mes cahiers de classe. Adulte, pendant longtemps aussi. Tripoter les mots, c'est doux, c'est joli, c'est sensible; ça aide à avoir moins mal ou à ressentir plus fort la douleur.

Bosser, ça enlève toute la vie en toi. Vivre, ça enlève toute la vie en toi.

Là, j'ai repris le boulot et je suis face à des ados. En classe, la majorité semblent vides de tout. Mollassons par moments, surexcités à d'autres. Peu d'entre eux ont  cette envie d'apprendre que j'avais à leur âge pour certaines matières. Et pourtant la matière que j'enseigne est leur matière principale. Remarque c'est pareil. En première et terminale, les maths me soulaient et pourtant, j'étais en S. En revanche, ils sont super impertinents. Et nous n'étions pas comme ça.

J'ai pas vraiment envie d'écrire sur eux, sur l'enseignement, sur l'avenir de la nation, de l'humanité, tout ça. Je m'en fous un peu, même si certains trucs me mettent en colère. Après moi, le déluge. J'ai dû statistiquement écoper déjà de la moitié de ma peine. J'ai quarante cinq ans. (Tiens, ça me donne envie d'écouter The final countdown là. Ah ah).

Bisous, lecteurs, lectrices, s'il en reste. Sinon bah... clôture du monologue pour aujourd'hui.

31 octobre 2018

Je suis prof.

Vacances après les sept premières semaines. Je compte qu'il faut en faire encore à-peu-près quatre fois autant pour aller au bout de l'année. Là, pendant les vacances, ça ne semble pas si horrible, mais j'ai fini la dernière semaine avant la Toussaint sur les rotules.

Ce qui est fatigant ?

- Les élèves avant tout. Ils sont turbulents, pas toujours motivés, ni intéressés (la majorité d'entre eux) et beaucoup trop nombreux. Trente cinq élèves qui chuchotent ça fait déjà un bruit monstre. Quand ils se mettent à parler en même temps, c'est intenable. Surtout que je n'ai pas une grosse voix. En plus, j'ai un problème avec l'autorité. Mettre des heures de colle, je trouve ça tellement débile et inutile à vrai dire. Donc je donne sans doute l'image d'une prof qui "ne sait pas tenir sa classe", comme on dit.

- Les copies. J'ai deux classes techniques, ils font beaucoup de travaux pratiques. Donc j'ai toujours au moins une pile de trente copies à corriger chaque semaine. Et il vaut mieux ne pas traîner, sinon, elles s'accumulent. Je découvre le programme en même temps qu'eux, donc c'est d'autant plus de travail. Parfois les notes sont bonnes quand le sujet est facile, parfois c'est catastrophique, quand il demande de la réflexion et du calcul. Il sont nombreux à contester leur note... Et argumenter avec eux est hyper fatigant. Mais ça, c'est comme avec tous les humains. Certains parlent et me noient de paroles sans me laisser en placer une, sur un ton pleurnicheur. Mouaha. D'autres hurlent à l'injustice pour un demi-point non accordé. Bref.

- Les cours à préparer. Ouais. Je découvre le programme. Donc une heure en classe demande au moins deux de travail à la maison.

- Faire cours. C'est fatigant. T'as pas de planque comme quand t'es derrière un ordi pour un travail de bureau. T'as tous ces yeux qui te fixent en permanence. Si tu te plantes, c'est le bazar, c'est la lose...

Si j'aime ce boulot ? Franchement bof. Quand on me pose la question, j'esquive, je dis hypocritement : "Y a de bon moments". Bah ouais. Y a toujours des instants un peu marrants. Mais 95% de moments chiants. Il y a des rituels que je trouve absurdes mais dont je finis par comprendre la nécessité. Aller les chercher dans la cours en première heure. Attendre qu'ils se rangent et qu'ils se taisent pour aller dans la salle. Une fois devant la salle, les faire se ranger (encore) et se taire avant d'entrer. Une fois entrés, ils doivent rester debout tant que le silence n'est pas fait. Parfois, ça peut durer des plombes. Puis ils s'assoient et il faut faire l'appel. Je les connais presque tous maintenant. On mémorise en premier les pénibles, et les bons qui participent. Mais même les bons élèves peuvent parfois être saoulants. Parce qu'ils portent un certain lot de stress, de peur de l'échec, une pression familiale peut-être. Certains sont internes, c'est encore différent.

Bref. Je vais aller au bout de cette année sans doute, j'ai un CDD d'un an. Et après ? Je ne sais pas ce que je veux. La réforme qui arrive me semble aussi absurde.

 

 

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8 octobre 2018

Qu'il est honteux...

A ceux qui passeraient encore par ici.

 

25 septembre 2018

Jeunes (II)

 

Je ne me rendais pas compte à quel point les enseignants étaient investis d'une mission sociale.

 

 

16 septembre 2018

Jeunes (I)

 

Cette semaine, je leur ai demandé de se présenter en anglais. Une des questions à laquelle je voulais qu'ils répondent était pourquoi ils avaient choisi leur filière. Réponse de 50% d'entre eux :"Je ne sais pas" (I don't know) et les autres "Je veux devenir ingénieur" ou "je n'avais pas le choix", "je redouble et j'ai dû venir ici".

Quand on leur demande ce qu'ils aiment, les jeux vidéos sont sur presque toutes les bouches. Lire, voir des films... Trop rarement. Le sport, est cité aussi. La musique jamais (une seule élève)...

Mes élèves et moi, ne vivons pas dans le même monde.

13 septembre 2018

Prof.

Je suis partagée entre l'envie d'en parler ici ou pas.

J'ai commencé à bosser comme prof dans un lycée. Je crois que c'est le truc le plus crevant que j'ai fait de ma vie. J'ai deux classes : des premières et des terminales. Des grands, quoi. Vingt-deux heures en tout. Mais bien plus, en réalité. Des heures à préparer des cours dans des matières qui ne sont pas du tout ma spécialité à l'origine, même si ce n'est pas si éloignée. Des soirées à me coucher à deux heures du mat'. Ce que je faisais déjà avant, mais pas pour bosser. Des heures à se confronter à des classes de 30-35 élèves, soit amorphes, soit turbulents. Des mecs pour la plupart. Une fille dans une classe, deux dans l'autre. La sensation de ne pas être légitime. Alors, il faut bosser davantage. Le week-end aussi. Je me demande si je ne me sens pas encore moins à ma place que de bosser dans une boîte... Mais instruire la jeunesse, c'est beau, ça fait rêver. C'est pour ça que j'ai postulé.

Mais serai-je un jour à ma place quelque part ? Les jeunes... veulent-il être instruits ? La plupart ne savent pas pourquoi ils sont dans cette classe. Ils me l'ont dit.

Au bout de deux semaines, j'ai l'impression que je n'ai jamais été aussi crevée de ma vie. Même quand j'étais en support 24h/24, 7j/7. Là, t'a pas de planque, t'as pas de backup. Tu es le point de convergence de 35 regards. Et y a des moments où tu te sens seule. Très seule.

6 septembre 2018

La disparition

 

Reviendra-t-il ?

 

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